CRITIQUES D'ART

GNAGA

Gnaga est un peintre originaire de la Côte d’Ivoire, il vit et travaille en France.

Partant de l’idée que le geste de peindre est sa « plus grande liberté », il s’adonne à une création pleinement dynamique.

 

Matière et liberté du geste

Est-ce le geste du peintre qui alimente la vivacité des toiles ou bien est-ce la peinture et la matière elles-mêmes qui animent, guident l’artiste ?

La question se pose à propos des œuvres de Gnaga, artiste qui mêle pieds et mains dans son processus de création. Il aime aussi s’adonner à l’art magique du collage et des techniques mixtes.

 

A travers ses portraits colorés, Gnaga nous dévoile une peinture gestuelle. Il interroge le rapport à la matière, celle d’où tout commence. Ses choix correspondent à un parcours de vie, un état intérieur, un besoin de participer physiquement à l’élaboration de l’œuvre…et de la laisser en même temps s’exécuter par elle-même. Tout appartient à l’ordre du surgissement.

 

Posées au sol, les toiles reçoivent les mouvements du corps du peintre, libéré du chevalet et du châssis. La trace du geste est affirmée et assumée. Le geste devient empreinte.

La facture apparente expose ainsi l’œuvre dans sa matérialité, avec tous les accidents et les hasards de matière que cette dernière implique. On songe à Kandinsky ou Pollock…

De la multiplicité des traits et des couleurs, émerge un sens profond : celui de montrer que « l’homme est matière ». Gnaga a un travail à nul autre pareil : ses portraits d’hommes et de femmes nous invitent à vibrer avec eux. Leurs regards nous captent, nous défient, nous emportent. Le portrait devient plus réel que le visage-même qui a servi de modèle. L’artiste lui donne un supplément d’âme.

Jeux d’écriture

Rien de conventionnel dans la démarche du peintre. D’Abidjan, sa ville natale, il ramène l’univers des jeux d’enfants, le rapport à la rue et à la récupération. Ainsi nous pouvons voir se mélanger sur ses toiles colorées des inscriptions, de multiples voitures et scènes de son village natal. Gnaga nous entraine dans un foisonnement de signes faisant échos au jeu du dessin et de l’écriture d’enfant. L’artiste offre une réalité bien présente tout en faisant émerger un sens intrinsèque à la création : celui de notre rapport au monde et à l’humain.