INTERVIEWS

VINCENT JEZEQUEL, PEINTRE & PHOTOGRAPHE

Portrait Vincent


Bonjour Vincent, quel est votre parcours et comment êtes-vous venu à la photographie ?

Je suis arrivé à la peinture par la photographie. J’ai toujours été passionné par l’image, sous toutes ses formes. J’écris et je pratique la photo depuis l’adolescence. J’ai aujourd’hui 37 ans et je pratique la peinture, en autodidacte, depuis quelques années. Ce médium me permet d’aller plus loin, d’exprimer des choses que je ne parviens pas toujours à dire avec la photographie. Avec la peinture, il n’y a quasiment plus de limites. C’est la liberté totale !

 

De plus, la photographie numérique nécessite de passer beaucoup de temps derrière un ordinateur. Et comme de part mon premier métier de formateur numérique, je passe déjà beaucoup de temps derrière les écrans… Le dessin, la peinture, ou encore les collages, me permettent de me détendre et de m’échapper du quotidien.

 

Ce qui est extraordinaire, et qui me pousse à poursuivre dans cette voie, c’est que le partage de mes créations, notamment sur les réseaux sociaux (encore les écrans !), m’a permis de faire de nombreuses rencontres et de tisser de nouveaux liens, bien au-delà de mes attentes. Toutes ces rencontres, ces collaborations qui débutent ou qui se profilent, sont pour moi un immense bonheur, inédit par bien des aspects.

Vincent Jézéquel, "Un coeur en hiver"

"Un coeur en hiver"


Quel message, émotion, souhaitez-vous faire passer à travers l'œuvre «Un coeur en hiver » ?

« Un cœur en hiver » est un film de Claude Sautet, dans lequel joue Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil et André Dussolier. J’ai choisi ce titre pour deux raisons : la première est la sensation de froid qui s’en dégage bien entendu, mais aussi pour le profond sentiment de mélancolie. Sentiment qui ne me quitte rarement !

La peinture abstraite me permet d’exprimer mes émotions du moment. Tout en sachant que, comme nous parlons d’abstrait, ce sera probablement une toute autre émotion qui sera perçue par le spectateur. J’aime cette subjectivité, cette invitation au voyage intérieur, à l’introspection…

Vincent Jézéquel, "Un peu, beaucoup, et toi ?" "


La couleur bleu est omniprésente dans votre travail. Quel est votre rapport à cette couleur ?

Le bleu est pour moi la couleur des émotions. Il existe une infinité de bleus, tout comme il existe une infinité d’émotions humaines. Le bleu est une couleur magique car tous les bleus se conjuguent. Curieusement, je produis des photographies du littoral uniquement en noir et blanc !


Dans l’œuvre un « Cœur en hiver », dont nous venons de parler, la tonalité dominante est un bleu indigo, un bleu foncé. La couleur de l’âme blessée. Le bleu est aussi la couleur de mon Finistère. Je suis un enfant du littoral. La mer, le vent, les rochers, le sable : tout est bleu pour moi ici !


Il y aura probablement d’autres expérimentations chromatiques dans les années à venir, mais la thématique du bleu est actuellement pour moi loin d’être épuisée !


Quelles sont vos influences et inspirations artistiques ?

Mes influences sont variées et indirectes. Elles se trouvent aussi bien dans la littérature (Murakami, Sylvain Tesson, les poètes Pierre Reverdy et Charles Baudelaire…), dans la musique (Springsteen, Neil Young…), dans le cinéma d’animation de Miyazaki, dans la peinture ou encore le street art (Soulages, Basquiat…). Ce que j’aime dans une œuvre, c’est la force qui s’en dégage.

 

J’adore Bruce Springsteen car il y a une force incroyable qui jaillit de ses compositions et de ses interprétations. C’est la même chose dans la peinture de Basquiat ! J’aime aussi infiniment le mélange de force et de fragilité de Neil Young. En grand mélancolique, j’écoute très régulièrement les Gnossiennes d’Erik Sati.

 

En photographie, je suis avec passion depuis une dizaine d’année le travail du photographe animalier Vincent Munier. Je suis fasciné par la poésie qui émane de ses images…

 

Enfin, je suis également un passionné de BD (André Juillard, Edgar P. Jacobs, Moebius, Enki Bilal…). Je me suis calmé mais j’étais un collectionneur compulsif il y a quelques années !


Quelle est votre façon de travailler ?

Pour mes photos comme pour ma peinture, je travaille sur papier. J‘adore le toucher et l’émotion produite quand on pense avoir trouvé le « bon » papier (encore une de mes obsessions !).

Je peins souvent le soir, quand les enfants sont couchés. J’utilise des techniques aqueuses en mélangeant de l’aquarelle et de la gouache.

Quant à la photographie, je la pratique pour ainsi dire tout le temps : au gré des balades, au travail, dès que j’ai un instant en fait. La photographie en noir et blanc est une source inépuisable d’inspiration. Comme je le disais à l’instant, j’ai besoin de tirer les photos sur un véritable papier, car l’émotion face à un écran est une chose, la confrontation avec un tirage papier en est une autre. Sans commune mesure à mon sens.

Vincent Jézéquel, "Fractures multiples"


Quel matériel utilisez-vous ?

Mon matériel de peinture provient de différents horizons. J’utilise autant des fournitures estampillées « Beaux-Arst » que du matériel de grande surface. C’est à dire que j’utilise aussi bien de la peinture extra-fine que de la gouache que je pique à mes enfants !

 

Pour la photo, c’est plus compliqué car je pratique de la photographie « instinctive ». Aujourd’hui j’utilise donc essentiellement mon téléphone. L’avantage de cet outil, c’est que comme je l’ai en permanence sur moi, j’ai l’assurance de ne pas passer à côté d’une image. Ce qui est souvent un crève-cœur pour un photographe ! J’ai abandonné le Reflex à cause de cette perte de spontanéité… Mais je sais que je revendrai tout de même un jour à véritable appareil photo pour bénéficier d’une meilleur définition et pouvoir tirer mes photo dans de plus grandes dimensions.

 

Mais honnêtement, je n’attache pas vraiment d’importance à ces questions de matériels. Pour moi, seule l’image produite compte.

Vincent Jézéquel, "La tâche" "


Trois mots qui décrivent votre travail ?

Obsessions, Résilience et Obstination


Quels sont vos projets futurs ?

Tout d’abord exposer. Je vais prochainement présenter mon travail dans la galerie « Par Vents et Marées à Beg-Meil », ensuite j’espère pouvoir exposer dans différents festivals cet été. Enfin, je présenterai mon travail à la maison de la Pointe à l’Ile-Tudy en octobre, lors des vacances de la Toussaint.

En parallèle de mon travail plastique, je travaille également sur le tome 2 de mes Carnets d’Absences. J’envisage d’ailleurs de lancer au printemps une campagne participative pour le financement de l’ouvrage.

"Les Glénan"


Un compte Instagram qui vous inspire ?

J’aime beaucoup la finesse, la mélancolie et la profondeur des gouaches de Pauline t. (@pauline.t sur Instagram). Pauline fait partie de la team des « Bluelovers». Nous avons déjà échangé par téléphone, mais nous ne nous sommes pas encore rencontrés. Il y a comme un écho entre son travail et le mien. Nos mots sont frères et nos couleurs sont sœurs.